Sunday, September 17, 2006

Non, ça n'est pas si sérieux...

Je ne sais pas si vous avez la même impression que moi, mais depuis quelques temps, ce qui a été baptisé "street wear" faute de meilleure définition (si tant est qu'il est besoins de nommer et définir ce "mouvement") se prend de plus en plus au sérieux.


Rien de bien étonnant, je l'admet, il est question d'argent pour beaucoup de monde (parfois même de beaucoup d'argent), et (malheureusement) les chiffres n'ont que très peu d'humour lorsqu'ils sont précédés d'un $ ou d'un €.

En effet, depuis quelques temps, le marché de niche que constituait le "street wear" se trouve de plus en plus régulièrement sur le devant de la scène, et l'adoption de beaucoup de marques par de nombreuses célébrités (Beyoncé porte du Hellz Bellz et Jay-Z du Crooks & Castles), la couverture médiatique dont ont bénéficié certaines marques (The Brand Underground dans le New York Times), ne font qu'aider la transition vers un marché de masse.

Il est évident que l'Internet a joué, et joue encore, un rôle prépondérant dans cela, et a contribué à transformer et élargir le public de toutes ces marques.

Pas que je veuille jouer aux OG, à l'early adopter, au vieux con (je ne suis pas si VIEUX que ça :), mais tout de même, je me souviens d'une époque où dénicher du Stüssy en France (et oui, même à Paris) relevait du parcours du combattant, et porter du Bape était nécéssairement le résultat d'un voyage au Japon et n'était remarqué que par quelques happy fews. Il était alors question de statut (c'est bien entendu toujours le cas), certes, mais cela n'impliquait en rien de se prendre vraiment au sérieux. Et l'aspect de chasse que cela pouvait prendre ne faisait qu'ajouter au jeu.

La popularisation de l'internet, couplée à l'évolution de la consommation, a, par conséquent, rendu accessible à tous (ou presque) l'accès à ces marques qui faisaient partie d'un "underground". Cela a dans le même temps eu pour effet l'apparition de sites d'information et autres blogues (tels que celui-ci ne nous en cachons pas) relayant à tout bout de champs et de manière exponentielle la moindre information de ce "mouvement", de cette "culture". Cela n'est pas un mal en soit, au contraire, je suis ravi d'avoir accès à ces informations et de pouvoir consommer des produits qui ne sont pas accessibles par des moyens traditionnels en France. Je ne fait jusqu'à présent que constater ces changements et les mettre en évidence. Ils ne sont pas un mal en soit, bien au contraire.

Toutefois, comme tout autre phénomène, cette hémorragie d'informations a ces inconvénients que je tiens à souligner ici par quelques exemples. Et en particulier, elle tend à retirer le caractère ludique et complètement superficiel que tout ceci devrait avoir. Selon moi en tous cas.

Ces blogues qui prolifèrent (à commencer par celui-ci, j'en suis conscient) ont malheureusement tendance à prendre tout entrefilet comme argent comptant et ne se soucient que peu de vérifier leurs sources ou tout du moins de souligner qu'il ne pourrait s'agir que de rumeurs. Et surtout, ils prennent tout ceci (pour la plupart) bien trop au sérieux.

J'en veux pour exemple ce que j'appelerais l'évênement "What Up, Money?".

Il y a quelques semaines, la crème des créateur de "street wear" (et les autres) se sont réunis à l'occasion du Magic Trade Show de Las Vegas, salon bisannuel du prêt-à-porter mondial. A cette occasion, Barnzley (qui mériterait un article à lui tout seul, étant donnés son implication et son influence dans l'histoire de ce milieu), relevait avec humour dans un post sur son blogue chez SlamxHype la nouvelle expression à la mode dans les allées du salon : "What up, money?"
Alliant cela aux tendances récentes du "street wear" (casquette fitted et hoodies en imprimés all over), House33 (dont Barnzley est un des créateurs), annonçait la sortie d'une nouvelle ligne intitulée "What Up, Money?"


On notera le sarcastique "Ha." qui clôt l'annonce sur leur site.

Ce qui a attiré mon attention dans ceci n'est pas l'à-propos de cette critique de l'état actuel du "street wear", mais plutôt la façon dont cette information fut relayée par la suite sur les différents blogues à travers le monde.

Je ne décèle pas une once de second degrès dans les posts trouvés sur Hype Beast ou SlamxHype (on notera tout de même que High Snobiety,qui me parait beaucoup plus pointilleux et regardant par rapport à ce qu'il publie, n'a pas, si je me souviens bien, abordé ce sujet).

Et ça me gène un petit peu. Tout le monde ou presque a pris ça très au sérieux.

Et c'est un peu cela qui me dérange dans l'état actuel des choses : tout le monde blogue comme s'il s'agissait de sauver le monde, tout le monde relaie sans discernement le moindre embryon d'information, et tout le monde encense les marques sans le moindre atome de critique ou de recul. Mis à part la courte expérience du blogue Don't Believe The Hype Beast, et l'intervention salutaire (et sporadique) des gardiens du temple, personne ne se permet vraiment de critiquer par peur de passer pour un hater.

Je suis d'accord pour dire que la scène du "street wear" est un peu petite pour laisser les gens critiquer à tout va, mais je tiens en horreur la pensée unique, et je suis donc légèremment ennuyé de constater cet état de fait. Et c'est pourquoi j'ai eu envie de parler de cela pour lancer la seconde saison de Super Natural Drink.

Pour ne pas finir sur une note trop négative (et vous donner quand même quelques images), j'ai quand même envie de parler de la dernière annonce d'Alife (dont est tirées la photos d'au-dessus), qui date d'une petite semaine.
Il s'agit d'une mini-collection spéciale Halloween et inspirée de la créature du Dr. Frankenstein et de la Malédiction de la Momie. Deux t-shirts, deux casquettes (hilarantes) et un slogan fort à propos : "It ain't that serious".





Nul doute que ces casquettes seront arborées avec sérieux par certains addicts, mais je suis content que l'aspect ludique de tout cela nous soit rappelé par une institution (et je pèse mes mots) telle qu'Alife.